Parti pris pour une prairie de zone humide qui se déroulera dans une cabane en bord de chenal est une approche non pas plus personnelle mais plus intimiste, une distance non plus de portée de regard mais de portée de main. Elle a invité le 9 juillet Marie-Christine Moreau, éditrice de La part des anges pour partager un « rêve éveillé » autour de ses ouvrages d’ici :
– Espècias…de Médoc – Une Rive, l’autre – Bacs de Loire, bacs de Gironde –
et de bien des ailleurs.
A nouveau, je laisse le «  dire » à Claude Barraud

Effacement dans la brume d’hiver du contour de la prairie, à la lisière de la rivière. Sensation de gris rêvant de bleu.
Prendre des lais étroits de toile, les couvrir de blanc, puis de noir, encore de blanc, de l’ocre peut-être pour tenter de transcrire cela, les silhouettes indistinctes des joncs, cardères, phragmytes.
Aria de verts accompagnée de pépiements de jaunes : calthas, iris, renoncules, juvénilité des couleurs.
Prendre de l’argile, façonner une forme simple, choisir l’engobe, le recouvrir d’émail, brillant de préférence, jouer sur les variations, transpercer de cartouches.
Une lumière crue darde et fane les oubliés de la fenaison. La prairie se sèche. A ses abords, la fraicheur dans l’entrelacs des frênes, vergnes, ormes. Sur les troncs, des mousses et lichens épars.
Prendre le pinceau, le gorger d’eau avant de saisir la teinte, ne surtout pas boucher le blanc du papier, éther des bryophyta et épiphytes. Sur un autre, plus grand, plus lourd, de l’encre noire pour les verticalités.
Voici venu le temps des chardons à foulon, du passage de grues et palombes. « Poule d’eau partie… l’écriture de ses pattes vertes » James Sacré
Donner à lire les mots du poète sur une trame d’herbes, de celle où se dissimulent les oiseaux. Les esquisser ou pas.

R. A .